
Comme à mon habitude, plutôt qu'une critique, je préfère revenir sur un bout de scène illustrant cette mise en scène de la tension. Dans cette scène, le 2ème camion rencontre le premier véritable obstacle : un pont dans un sale état.
Mais bien sur, nous n'avons pas suivi le passage du 1er camion, nous découvrons donc la situation en même temps que le 2ème convoi, par une note "Bonne chance" (1) qui fait place à un balayage de cet endroit risqué, de ce fossé (2, 3). Une carcasse de camion y repose, et pour améliorer le tout, le bois est pourri (4).







# Résumons ce bout de scène :
- Présentation du danger de l'endroit; un pont, un fossé, structure pourrie du pont
- Désaccord entre les hommes; lien fragile entre les yeux (guide) et le guide (conducteur)
- Le camion peut sauter à chaque faux mouvement, les hommes ne maîtrisent pas tout
- lors du démarrage du camion, on est attentif (merci aux gros plans);
- lorsque le bois montre ses signes de fatigue, notre attention se "crystalise", elle se fond sur celle du conducteur, dont le point de vue nous rappelle le fossé (en plus du bois pourri, c'est sadique):
- lorsque le conducteur n'en fait qu'à sa tête, le désaccord réapparait en tête, on sait qu'un problème arrive. Suspens donc;
- lorsque le camion chute, notre attention s'est crispée. Pas d'explosion mais une situation encore plus risquée apparait, il faut désormais sortir le camion.
Dans d'autres scènes de Sorcerer, Friedkin poussera le danger de la situation en renforçant le manque de contrôle absolu des persos sur leur destinée (pluie diluvienne, pont suspendu en ruines, fleuve en crue... pfiou).
Récemment, Hurt Locker fonctionnait exactement sur ce même schéma, confrontant ses personnages à une situation risquée qu'ils ne contrôlent pas entièrement.
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