vendredi 7 août 2009

Je suis un bloggeur cinéma, moa

C'est à la découverte de cet article, que j'ai réalisé à quel point le bloggeur cinéma type est une horrible petite larve baignant dans son confort intellectuel. Au point de s'amuser entre gens du même salon sur ceux qui parlent actualité sans critiquer. Cette distinction est apparu dans le dialogue (générosité inside) via une petite provocation humoristique de la part d'un toppeur bloggeur cinéma quelconque.

Heureusement pour nous autres, pauvres lecteurs, même une provocation peut soulever des questions interessantes non-trollesques. Alors à défaut de jouer la carte de l'humour pour déjouer la provoc (mazette, on peut rire et dire des trucs intelligents LOL), autant s'interroger sur ces fameuses questions. Sur cette fausse distinction.

Car il y a dans l'esprit du bloggeur cinéma, l'illusion qu'écrire une critique sur les sorties hebdos est un acte profondément plus important, porteur d'une valeur ajoutée, que de relayer les news quotidiennes à base d'images, de bandes-annonces... L'écriture amène la réflexion, une critique devient donc presque du militantisme intellectuel.

Pour autant, cette course à la critique quotidienne répond à l'actualité. La majorité des bloggeurs suit avec rigueur les sorties ciné hebdos, alors même que l'idée est transcendé chaque jour un peu plus. Dans ce flux de critiques, combien d'avis originaux ? combien de textes clairs et lisibles visant à informer plutôt qu'à poser ?

Par exemple, dernièrement j'ai été surpris de découvrir l'engouement du web pour un Very Bad Trip alors que la comédie américaine nous propose depuis plusieurs années des perles encore inédites par chez nous (au hasard, Fist Foot Way). Evidemment, le traffic préfère l'actualité. Et, l'actualité c'est aussi des avant-premières, des concours...

Même cet exercice intellectuel réconfortant sert de vitrine. Un site web reconnu a été capable de parfaitement comprendre ça, proposer des "plus" sympathiques aux bloggeurs pour obtenir une couverture web d'un produit, d'un film.

Ça s'appelle le Club 300. Le marketing à l'état pur. Et vous savez quoi, même les pires bloggeurs moi-je n'hésitent pas à le remercier comme s'il y avait le besoin de reconnaître une faveur rendue. C'est excellent, c'est le monde à l'envers.

Critiques ou news, 2 facettes d'un seul & même besoin. L'information. Drôle de jeu.

3 commentaires:

  1. Je ne reviendrai pas sur le débat critique/news, je pense avoir dit ce que j'en pensais sur le blog mis en lien...peut être était-ce maladroit. C'est une question de goût personnel, de préférence, de point de vue sur le blog cet outil d'information, narcissique sans doute aussi.

    Par contre pour ce qui est du club 300 (et sans faire de cirage de pompes) je te trouve un peu dur. Personne n'est dupe, certes il y a bien là du marketing. Mais les gens de ce club vont à l'avant première qu'ils veulent et le fait de dire "merci" ne me semble pas exagéré. Si on m'invite à voir en avant première un film que j'attendais avec impatience, il n'y a pas de mal à dire merci. C'est comme un joli cadeau, cadeau certes pas désintéressé...Hum hum...

    Là où je m'énerve c'est quand on paye les gens pour voir "very bad trip", ça c'est intolérable.

    Bref tout ça pour dire que si j'apprécie ta franchise, je regrette le côté un peu extrême.

    Je fais un hors sujet pour revenir sur un autre billet que tu as fait avec un lien vers un "bashage" de Christophe Honoré. Si la critique de cinéma est loin d'être exemplaire, je trouve ce genre de lynchage assez bas. Honoré était un peu bas sur le film. Mais se "venger" en attaquant la personne je n'approuve pas.

    Les choses sont bien plus complexes que ça non ?

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  2. Voisin Blogueur> Malgré les apparences, je n'ai aucun reproche à faire que ce soit aux blogueurs, aux marketeux et compagnie... Tout au mieux, c'est la situation qui m'interesse et ses possibilités.

    Parce que c'est là qu'il y a matière à réfléchir.

    Pour le remerciement, en dehors d'un critère de jugement, c'est développer un sentiment de respect, sympathie qui va humaniser un rapport. C'est la base du marketing. Car les sentiments ont cette facheuse tendance à fausser la raison. Ça dépasse de loin le cadre unique d'un club cinéma.

    Discuter la différence entre critiques et news, chercher à établir une échelle d'intérêts entres les partis, non seulement ça débouche sur du mépris (l'humour est un cache misère de la pensée), mais en plus ça n'a aucun intérêt, c'est le même jeu. À chacun de le jouer à sa manière comme il le sent.

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  3. Oui en effet ça dépasse le cadre d'un club cinéma. Pour ma part je ne remercie pas tout le temps mais par exemple ce club m'avait invité un week end à Deauville. L'occasion de se gaver de films pendant deux jours et de découvrir ce festival. Dans ces cas là je dis "merci" car on réalise une envie très forte, c'est un beau cadeau qui répondait à un vrai désir et il m'importe peu de savoir si c'est désintéressé ou non.

    Le piège serait de se sentir prisonnier de ces "cadeaux" et d'accepter toutes leurs propositions, de faire que de jolis papiers. Pour le moment je ne réponds présent que quand je suis dispo et que ça me fait envie. Et ils sont cool là dessus. Tu vas me répondre "heureusement qu'ils sont cool là dessus" mais disons que c'est "plus cool" que certaines personnes d'un service maketing du distributeur qui en voyant que tu dis non à un truc ou en dis du mal te snobbent (oui oui ça existe et c'est bien triste).

    C'est pourquoi je suis pour que si invitation il y a, ce soit fait par un attaché de presse. Car même si il y a des différences entre un critique pro et un passionné qui blogue, le rapport avec un attaché de presse est beaucoup plus respecteux il me semble. Le soucis est que beaucoup de personnes du métier sont encore frileux face au net.

    Enfin bon , comme j'en parlais avec une confrère blogueuse (Cinemaniac, je ne sais pas si tu connais son blog mais c'est un bonheur - tu apprécieras ses comptes rendus sans langue de bois du festival de Cannes), tout cela est déjà "fou". Mon blog sur over-blog existe depuis la fin d'année dernière mais je bloguais sur le ciné il y a déjà 3 ans. On a vu l'évolution. A la base on bloguait et on etait content d'avoir un commentaire de temps en temps. Aujourd'hui il y a un regard plus pro sur les blogs, ce qui est flatteur mais aussi destabilisant. Le tout est de se rappeller pourquoi on blogue à la base (pas certain qu'on blogue tous pour la même raison à l'origine). Je l'avoue,si j'ai commencé à bloguer c'était avant tout avec une démarche égoiste et égocentrique : j'ai une horrible mémoire et je voulais me faire un carnet de route. Et puis aussi crier mon amour pour des films ou de la musique car souvent je ne trouve pas d'oreilles dans mon entourrage pour ça.

    Pour "l'échelle d'intérêts" je pense que tu as raison, ce n'est peut être pas très sympa de clamer mes préférences. Ca ne concerne que moi et exposer mon point de vue peut donner un côté "snob" ou méprisant. Mais bon je pars du principe qu'on peut aussi faire des commentaires sur un blog (tant que ça reste constructif et poli). On est souvent un peu aveugle sur ce que l'on fait soi-même et ça ne fait pas de mal deux trois critiques, ça apporte un regard extérieur. Après on en tient compte ou pas selon ce à quoi on croit. Au moins tout cela permet d'avoir plutôt ouvert un débat et au final je pense que tout le monde en ressort plus apaisé et avec plus d'ouverture d'esprit via les différents points de vue exposés.

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