mardi 11 août 2009

Le monomythe chez Pixar (Cars)

Popularisée par Star Wars, la théorie du Monomythe cherche à démontrer que les différents mythes du monde entier se retrouvent tous en 1 seul et même mythe. C'est l'idée du héros aux 1000 visages. Une unique structure sur laquelle s'articulent des histoires universelles.

Cette théorie est devenu un outil pour de nombreux scénaristes, c'est donc sans surprise qu'on la retrouve chez Pixar. Prenons en exemple le film Cars qui suit les 17 étapes du monomythe, ou pour faire plus simple, de la quête du héros :

  • L'appel de l'aventure
Flash McQueen est un jeune prodige des course automobiles, il s'apprête à remporter la plus prestigieuse coupe du domaine. Une première pour une voiture aussi jeune. Il est demandé par tous, il a des fans, les photographes l'adore... mais il est trop obsédé par son égo et par le succès pour considérer les autres. En négligeant les membres de son équipe, en défiant par arrogance ses limites, il termine ex-aequo avec 2 autres concurrents alors qu'il menait largement.

# Il lui faudra apprendre à redescendre sur terre et traiter les autres avec respect.

  • Le refus de l'Appel
Durant la 1ère course, il méprise son équipe qui l'abandonne et n'en fait qu'à sa tête.

# Flash est arrogant et méprisant, il s'enferme sur ses illusions.

  • L'aide Surnaturelle
À la fin de la 1ère course, The King vient dire à Flash à quel point il a été stupide. Mais au lieu d'écouter le conseil, Flash retourne dans ses illusions de gloire. Il finira par appliquer ce conseil lors de la dernière course.

# Flash obtient une aide nécessaire à sa quête, même s'il ne la comprend pas dans un 1er temps.

  • Le passage du premier seuil
Qui marque l'entrée dans un autre monde. Ce passage c'est lorsque Flash se retrouve sur la Route 66, protégée par le Shériff. Incapable de s'en défaire, et affolé par des bruits de tirs (heureux hasard d'un pot d'échappement pétaradant), Flash échoue en basardant une partie de la route et des éléments de la ville. Ce qui l'amène à la fourrière, et devant le tribunal.

# En échouant, Flash devient prisonnier de la ville.

  • Le ventre de la baleine
Son arrivée dans la ville se fait de nuit, alors même qu'il a été abandonné par son transporteur et qu'il se retrouve seul et perdu face à lui-même. L'idée étant de confronter le personnage à son propre égo dans environnement sombre sans repère visible lui permettant de mieux voir au-delà des apparences.

# La ville sera le terrain de sa renaissance

  • Le chemin des épreuves
Les épreuves de Flash sont;
- reconstruire la route détruite (le Shériff) : trop pressé, il échoue et doit recommencer.
- faire une course (Doc) : trop arrogant, Flash échoue et n'écoute pas le conseil de Doc.
- surprendre les tracteurs (Martin) : sans le vouloir, Flash parvient à réveiller tous les tracteurs en même temps et à survivre à l'attaque de la moissoneuse. En réussissant, Flash inverse sa chance et commence à accomplir correctement les autres épreuves.

# Flash apprend à se reconsidérer

  • La rencontre avec la déesse
La déesse, c'est ce qui retient Flash à ses épreuves. Ici, c'est sans doute le rôle incarné par Bessie, la machine pour refaire la route. Quand Flash essaye de manipuler/déjouer Bessie, le résultat est à refaire, il lui faut donc accepter sa position et accomplir son épreuve, sa tâche.

# En respectant la déesse, Flash peut continuer sa quête

  • La femme tentatrice
La tentatrice, Sally, cherche à empecher Flash de quitter la ville pour accomplir sa quête. Il y a deux situations évidentes au cours du film :
- au moment d'aller faire la ballade, Flash a la possibilité de s'enfuir; il a le plein mais aussi, la confiance de Sally. C'est pourquoi il préfère se détourner de la liberté. Plus tard, pendant la dernière course, Flash sera distrait par des rêveries concernant cette ballade.
- au moment de partir de la ville, il se résigne à se laisser partir dès que Sally lui dit de s'en aller.

# Flash est sous l'emprise de ses désirs.

  • La réunion au père
Le père, c'est le Doc. La réunion nécessite que Flash prouve à Doc qu'il n'est pas un champion égocentrique et arrogant. Le processus commence quand Flash a terminé la 1ere partie de la route, Doc admet qu'il a fait du bon boulot. Mais plus tard, Flash ne tiendra pas compte des conseils de Doc, on fait marche arrière. Puis, le processus se remet en marche quand Flash aide les habitants et la ville. Finalement, la réunion se fait lorsque Flash va aider le King à finir la course. A ce moment, Flash reconnait que la course c'est autre chose qu'une simple coupe (vide).

# Le père ouvre l'esprit de Flash.

  • Apothéose
Ou illumination. C'est à la découverte du passé de Doc que Flash réalise l'intérêt du conseil qu'il avait reçu mais pas compris. Il comprend qu'il peut apprendre des autres. Le point d'orgue arrive pendant la dernière course, Flash tire profit de son enseignement, qu'il provienne de Doc, de Martin ou autres.

# Flash est apte à agir par lui-même.

  • Le don suprême
Flash passe une partie du film en étant seul et sans ami. En réussissant les épreuves, il apprend à respecter les autres. C'est naturellement qu'il lui faudra faire quelque chose pour chacun d'eux, les nouveaux pneus, la peinture, les gadgets militaires, l'essence hippie... montrer la ville du temps de sa gloire à Sally et, redonner à Doc la confiance envers les courses.

# Flash agit pour les autres.

  • Le refus du retour / La fuite magique / La délivrance venue de l’extérieur
Dans le film, ces 3 étapes apparaissent au même moment :
1. Flash refuse de partir quand les médias envahissent la ville parce qu'il a découvert quelque chose de plus sacré et d'important à ses yeux qu'une coupe. Il partira avec l'accord de Sally.
2. Il est transporté (miraculeusement) hors de la ville (voir point suivant).
3. Doc a informé les médias de la présence de Flash qui était considéré comme perdu. Flash est littéralement englouti par la foule et par son transporteur. Enfin, son agent lui rappelle l'importance de la course. De Doc à l'agent, ils permettent à Flash d'être délivré.

# Flash adore la ville mais doit partir pour continuer sa quête.

  • Le passage du seuil au retour
Le Shériff, gardien de la route 66, n'a plus de raison de retenir Flash une fois que la route a été remise en état. Il lui proposera même de l'escorter. Si Flash est libéré de son épreuve, il doit maintenant affronter son "refus du retour". Ce passage se fait via "la fuite magique", et une fois le seuil franchi, le monde fantastique retombe dans l'oubli. D'ailleurs, les lumières s'éteignent, replongeant la ville dans l'obscurité après le passage éclair/illuminant/plein de vie de Flash. Il ne reste plus que Doc sous un feu orange, seul.

# Flash est libre de retourner à la réalité.

  • Maître des deux mondes
Ce moment arrive lors du don suprême qu'il faut partager avec tous. Ici, c'est l'amitié. Dans la ville, Flash aide les habitants, qui lui rendent la pareille en devenant son équipe lors de la course. Aussi, pour Doc ce partage se fait en aidant King à finir la course, et pour Martin, en respectant la promesse de l'hélicoptère.

# Flash n'est plus aveuglé par ses illusions. Il laisse parler son coeur.

  • Libre devant la vie
L'épilogue du film. Les 2 mondes ne font plus qu'un, Flash peut aller de l'un à l'autre sans problème, en toute liberté. Allier ses amis, son amour et ses courses. D'ailleurs, la ville réapparait sur les cartes et les voitures reviennent. La nouvelle peinture de Flash marque sa renaissance.

# Flash a accompli sa quête.

Conclusion

Au final, ce détails de la quête fait ressortir l'évidence du récit, ce que l'on comprend immédiatement sans forcément en connaître la symbolique mythologique (pour avoir écrit l'article juste après la revision du film, c'est frappant d'immédiateté).

PS: C'est une adaptation de ce texte anglais, aidé par ce complément très utile.

2 commentaires:

  1. Certes, cher Bob, certes. On sait dès le début du film à quelle sauce on va être mangé: que le film va être un long périple pour ramener le héros dans la voie de la modestie et de l'altruisme. Mais de ce fait, la "structure mythique" ne change rien à l'affaire: ce film est une moraline dégueulasse et insupportable de bout en bout, par sa volonté de nous dire ce qui est bien et ce qu'il faut penser. Je le trouve de surcroît assez laid.
    Je suis assez étonné de cet intérêt pour ce film alors que tant d'autres de vos critiques auraient laissé à penser que ce genre de films seraient de ceux que vous rejetteriez violemment...

    Raskolnikov36

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  2. Raskolnikov, ceci n'est pas un avis sur le film. De Toy Story à Wall-E, on retrouve cette même structure, employée différemment avec un niveau de réussite variable. Cars sert d'exemple.

    Cette qualité de l'écriture/narration apporte une ampleur suffisamment interessante pour éléver ces produits du lot des bouffoneries simplistes, niaises et moralisantes à la Shrek ne comprenant rien à leur propre histoire.

    Cars et son apparente simplicité, son côté puéril (non péjoratif ici), à au moins le mérite de tirer profit d'un récit maîtrisé dépassant de loin le cadre d'une petite morale bidon. Puisque comme suggeré par la présence d'une quête héroique, il est question de sagesse.

    Bref, dans une histoire pareille, je vois pas bien où trouvé du cynisme.

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