mercredi 18 août 2010

Le rhume du chevalier noir


Dans l'attente de découvrir Inception, je me suis re-regardé The Dark Knight avec un Nolan en mode psycho-drame. Deux-trois trucs :

  • Architecture
Pendant les 25 premières minutes, j'y ai cru. Nolan profite de l'architecture pour présenter ses personnages, d'un enchevêtrement de formes géométriques variables (immeubles aux salles de banque) finissant par révéler le visage d'un Joker chaotique, de pièces carrées quasi-infinies pour un Bruce Wayne millionnaire en passant par les lunettes des persos... Mais finalement, Nolan délaisse cette idée de mise en scène pour filmer du dialogue plan-plan. Ah (mais mention spéciale au dernier face à face Joker/Batman avec ce champ/contre-champ retourné plongeant Batman dans l'ère du chaos...).

  • Narration
À défaut de mettre en scène ses idées, ses enjeux, Nolan va se reposer très lourdement sur des dialogues (off ou non) pour expliciter les rares idées. Pour la 1ère apparition du Batman, on se mange un "BATMAN!!!" tout en découvrant une horde de copycat qui dévoilent un autre visage du Chevalier noir. Mais je préfère cet autre exemple, lors de la naissance de Double Face avec ce dialogue "or those who lose faith" un truc du genre qui s'accompagne d'un plan sur DF. Evidemment, la perte de la foi va de paire avec la perte d'un visage, faith = face. Oh oh.

Mais sinon, c'est dramatiquement frustrant comme film tant Nolan se la joue gros bourrin, laissant peu de chance à ses spectateurs d'assimiler les images par eux-mêmes.

samedi 10 juillet 2010

Labyrinthe de Pan

Petite revoyure, et je me dois de rajouter un point par rapport au texte posté l'an dernier.

À la première vision, le spectateur cherche à comprendre cet univers où se mélange cruelle réalité et imaginaire étrange. Jusqu'au bout, il y a l'envie de rationaliser l'univers.

D'où un plan assez important, vers la fin - SPOILERS - lorsque le Père arrive au coeur du labyrinthe. Souvenez-vous, c'est le fameux plan où le faune n'apparait pas alors que la petite fille est entrain de lui parler. La réaction basique étant d'en conclure que finalement, oui, ce n'est qu'une illusion créee par cette gamine.

Et cette réaction à de quoi surprendre :

1) Le spectateur adulte se rattache à une vision adulte du monde
2) Le spectateur préfère adopter le point de vue d'un meurtrier que d'une petite fille
3) Ce qui en dit long sur la recherche de rationaliser.

Vers la fin, il y a un dialogue qui donne déjà le ton. Le Capitaine vient de trouver la taupe, et dit quelque chose comme "ah c'est marrant, je vous avais devant les yeux depuis le début et pourtant j'ai rien vu", qui fait écho à notre propre experience de l'histoire. La réponse de la taupe est aussi intéressante, elle dit "c'est à cause de votre arrogance"....

Préférer adopter un point de vue qui nous satisfait plutôt que d'oser croire autre chose. La voilà notre arrogance. Pour faire un parallèle avec l'image du billet, on se contente de ce qui est à portée de main. Pas de coeur.

À un autre niveau, faites bien attention aux couleurs/teintes, éléments (pluie, feu, terre...), formes (fenetres...) qui apportent tout un tas d'informations sur l'état des personnages.

jeudi 24 juin 2010

Dans la tête d'un distributeur français

À croire les distributeurs, le public français possède un vocabulaire anglais compris entre 3 et 6 mots. C'est peut-être ce qui expliquerait cette tendance à pondre ce genre de titres :


Au début, j'ai eu un peu de mal à reconnaitre les affiches françaises. Mais l'indice est pourtant évident, quand le titre anglais est trop compliqué, on le remplace par des mots passe-partout genre "trip", "last", "cop", "day"...

C'est pour ça que je crois qu'il sera difficile de battre la comédie Very Bad Cops, nouvelle comédie de Will Ferrell à sortir en Octobre chez nous. Qu'on ne s'y trompe pas, les distributeurs se laisseront bien influencer par les blogeekoputes en quête de LULZ, un avant goût ?

samedi 12 juin 2010

Pulp Fiction & La montre en or

Découverte d'une analyse supra-intéressante sur le segment de la montre de Butch (Bruce Willis) dans Pulp Fiction. Pour résumé les grandes lignes, la montre représente les vertues de ses aïeux, comme le courage & l'honneur, toute l'histoire de Butch est donc d'honorer cet héritage.

Mais là où ses aïeux ont pu prouver leur courage, honneur et respect à travers l'experience de la guerre (le Vietnam pour son père), Butch va suivre un cheminement similaire à sa manière dans les rues de Los Angeles.

Quand on découvre Butch, c'est un boxer porté par sa fierté (il refuse de se coucher, laisse ses trophées visibles), ce qui lui vaudra pas mal d'emmerdes. On commence à voir les premiers parallèles avec ses aïeux lorsqu'il vient de tuer le boxer contre lequel il devait se coucher. Il téléphone et prévient qu'il se rendra bientôt à Knoxville. Qui est juste l'endroit où la montre avait été originalement acheté, comme précisé au tout début par le Capitaine Koonz.

Par rapport à la guerre, quelques points troublants :

- Dans sa chambre avec sa copine qui regarde un film de guerre, Tarantino propose un plan sur la TV avec le reflet de la copine, comme si elle était au coeur du film de guerre. Sans oublier qu'à la question "Tu le regardes ? (le film)" elle répond "Plus ou moins." maintenant une certaine ambiguité.

- Quand Butch ira récupérer la montre chez lui, il passera par une phase d'infiltration rappelant un film de guerre. Le fond sonore renforce cette impression, on entend des chiens aboyés, un hélicoptère.... Sachant qu'on pourra aussi entendre une publicité pour le resto de la scène de danse, il est évident que le choix sonore a été volontairement pensé par Tarantino.

- La rencontre malchanceuse avec Wallace, qui transforme un carrefour en véritable terrain de bataille. La boutique qui deviendra le théâtre d'une scène de torture rappelant forcément les camps vietnamiens, la relation Wallace-Butch qui devient celle de camarade de torture faisant le parallèle avec le Cpt Koonz et le père de Butch ("Quand deux hommes partagent un sort pareil ils deviennent un peu responsables l'un de l'autre.")

- Dans la boutique, Butch décide d'aller secourir Wallace (voir ci-dessus), mais surtout, il se sert d'un samouraï, l'arme symbolisant par excellence l'honneur (à noter le décor de la boutique avec des plaques du Tennessee (Knoxville est situé dans cet état), sur une d'entre elles on peut même lire "DAD" (Papa).

Il reste d'autres détails, voir l'analyse originale.

jeudi 10 juin 2010

Comment produire un blockbuster à Hollywood

L'info du jour, ce n'est pas le titre d'un projet en cours d'écriture, encore moins une rumeur concernant un prochain blockbuster, non, l'info du jour a pour malheur d'être concrète (c'est pourquoi vous risquez de ne pas en entendre parler sur vos blogs/sites habituels).

Donc, le célèbre site Deadline (la source de la plupart des exclusivités/infos des prods américaines) nous apprend que L'Agence tous risques est le fruit d'un gigantesque bordel. Un projet qui aura mis 10 années pour se concrétiser, avec près de 11 scénaristes ayant travaillé dessus… En partie en cause d'un producteur qui voulait faire de l'Agence tous risques, tout sauf l'Agence tous risques.

Au fur et à mesure des étapes d'écriture, le producteur voulait d'abord une touche de Bourne, ensuite un style à la 24 pour enfin souhaiter un film violent à la Tarantino (absurde venant d'un producteur qui vise le grand public, évitant soigneusement les interdictions). Sans parler des problèmes entre le producteur & les scénaristes.

Et encore, c'est qu'un exemple. Mais l'absence de producteur couillu ayant une vision semble expliquer pourquoi certains projets américains ont tant de difficulté à se concrétiser.

mardi 8 juin 2010

Les geeks sont des drogués (et des putes)

En ces périodes où les critiques n'ont même pas conscience de leurs contradictions, que les blogueurs postent des informations au détriment du bon sens, que les geeks aiment être caressés dans le sens du poil par les industries...

... Voici un superbe texte qui casse du préjugés pour revenir à l'essentiel.

Pour les curieux, anglophone de surcroit, l'article complet de l'écrivain cocaïnomane cité dans le texte précédent (et est-ce surprenant de voir des gens réagir principalement sur l'aspect addictif/associal de l'expérience du bonhomme ?)

mercredi 19 mai 2010

La Horde (2010)

Un premier film, une réalisation bancale et des putains de personnages. La Horde s'est fait démolir par la presse pour des raisons souvent extérieures au produit fini, en ignorant complètement le traitement des personnages.

Il doit y avoir quoi, 6 ou 7 personnages dans le film et chacun possède sa particularité, son évolution... influençant directement le périple du groupe avec des retournements, des affirmations ou au contraire, des pertes de pouvoir. Un truc bien carré quoi.

La mise en scène a parfois du mal à rendre honneur à des situations bien pensées, comme le quiproquo du début en haut de la tour. J'imagine que le manque de budget/temps explique le parti-parti caméra à l'épaule brute, pour un résultat moyen.

Y a d'autres super bonnes idées, genre l'humiliation du zombie, la tension dramatique est pas à son maximum, mais ça permet quand même de recadrer les persos. Voilà si le film enchaîne des scènes graphiquement hardcore, il manque d'un punch dramatique qui attendait juste d'être exposé, parce que tout est vraiment là, c'est des idées qui s'expriment visuellement (et là je repense à l'intro qui en 2 temps 3 mouvements te livre toute les infos de base).

Imparfait, mais terriblement agréable... au pays de Camping 2.

samedi 15 mai 2010

Inglourious Basterds (2009): Une affaire de pipes


En revoyant Inglourious Basterds, je me suis aperçu que l'utilisation des pipes dans le 1er chapitre permettait non seulement de révéler la personnalité des 2 personnages (austérité vs excentricité malsaine), mais aussi à varier le ton du dialogue. Je m'explique rapidement, l'allumage des pipes souligne qu'on rentre dans un sujet 'chaud', LaPadite allume la sienne quand on évoque Shoshanna et plus tard, Handa fait de même quand il est question de conclure l'entretien (la vraie nature de la rencontre). Soit des points de repères dramatiques.

Vous avez d'ailleurs remarqué qu'Handa allume sa pipe dans un plan moyen, pas un gros plan, histoire d'inclure LaPadite, qui était déjà foutrement inquiet dans son gros plan pipe...)

Vous avez eu votre dose Bob Critique pour la journée, vous pouvez retourner à vos occupations.

Merci.

jeudi 13 mai 2010

L'Ennemi Intime (2007)


Adoré à sa sortie, le film reste super à la revoyure. Ce nouveau visionnage me permet de mieux cerner l'un des défauts, sans vraiment en être un, du film.

L'Ennemi Intime souffre d'un sujet sensible rarement évoqué dans le cinéma français et prend énormément de pincettes en nuançant autant que possible les différents points de vue couverts par l'histoire. Ça donne un côté mécanique, peut-être binaire, à l'histoire : thèse/anti-thèse, cause/conséquence... qui casse aussi bien nos répères, que ceux des persos : la guerre apparait dans toute sa complexité morale.

À côté, cette mécanique se révèle très efficace dans les moyens tragiques qui vont rythmer le cheminement du perso de Terrien. Regardé de loin par le sergent déjà trop habitué aux effets de la guerre. J'allais dire que leur relation n'est pas très développé, mais en fait ça tient surtout à la personnalité des deux, pour un résultat subtile et finalement triste.

Et putain, ces paysages.

samedi 8 mai 2010

Les scandales Cannois

Chaque année, les festivaliers et journalistes élisent le film scandale de la sélection cannoise. C'est le film qui nous permet de voir des mémères et vieux cinéphiles faire la gueule, ou encore les journalistes donner des grandes leçons d'Art & d'esthétisme...

Mais y a un truc qui me chiffonne bien là... L'autre jour, en checkant mon twitter (toi aussi lecteur, deviens hype et beau), j'ai vu apparaître ce superbe message posté par la chaîne culturelle Arte :
Désormais 22 films coproduits par ARTE seront présentés à Cannes 2010. Qui dit mieux ?
Suis-je le seul à qui ça pique un peu les yeux ? Sans crier au scandale, ce serait intéressant de fouiner dans les coulisses de ce festival, d'interroger des faits étranges plutôt que de soulever des news people-vip (oh tema coppola y ronfle LOLOLOL).

Comme par hasard, des co-producteurs français importants ont leurs entrées dans le festival prestigieux du moment. C'est-à-dire qu'en se faisant co-produire par une boite française, un cinéaste a toutes ses chances pour aller à Cannes ?

La diversité artistique aurait-elle des limites ?

Kick-Ass (2010)

# Comment partir d'une bonne idée pour sombrer dans du fan service inoffensif ?

# Donc Kick-Ass, un ado geek devient un super héros sans aucun pouvoir mais se fait vite dépasser par le phénomène engendré. L'occasion de jouer avec les codes du film de super héros/adaptation comics, où il y a forcément un décalage entre réalité et fiction comme nous le rappelle l'intro.

# Mais une fois passée la phase d'éveil-naissance-renaissance du héros Kick-Ass, le film va rapidement osciller entre une histoire banale de vengeance avec rebondissements lourds, et du film pour ado terriblement lisse.

# On passe sur les références-clin d'oeil aux comics, à la 'culture geek' actuelle (youtube, myspace). À un moment donné, j'ai presque cru qu'il allait foutre le keyboard cat histoire de s'assurer définitivement le soutient des grogeeks. Vous savez, ceux qui auraient pu être emmerdé par le placement de produits Apple (akak les 'linux rulz lol').

# En fait, ce qui m'a surpris, c'est l'énorme différence de ton entre Kick-Ass et les machines à tuer que sont Hit Girl et son père. On passe d'un ado ancré dans la réalité à des tueurs bourrins qui alignent les cadavres. C'est juste wouaw.

# Je veux dire, le film remet l'idée de super héros dans notre quotidien, débouchant sur une légère reflexion (pas de pouvoir, grande responsabilité quand même). Pour soudainement faire du too-much, jamais au grand jamais, interrogé.

# Alors que Hit Girl et son père, c'est les justificiers hardcore par excellence. Qu'on peut qualifier de face sombre du super héros. Avec toutes les questions qui vont avec, l'idée de vengeance-justice personnelle, d'êtres déshumanisés complètement esclaves de leur haine... Mais non, au final, rien du tout. Hallucinant. O*O

# La partie teenage movie servant la soupe aux frustrés, merci mais non merci. Genre Kick-Ass se fait passer pour un grogay pour toucher la plus belle meuf de son bahut. C'est quoi ce bordel ?

# L'impression qu'à un moment donné, il fallait rattraper le public cible et partir dans du fun au détriment des 50 pistes de réflexion amenés par le concept du film.

La Bob Note : J'ai l'air méchant mais ça reste fun (fights, virée en bagnole, arme finale...)/10

vendredi 7 mai 2010

Leçon de marketing #1

C'est toujours amusant de constater les différences entre l'affiche cinéma et la pochette DVD, surtout pour un film qui n'a pas "rencontré son public" (flop).

J'ai 2 petits exemples sous la main que je me dois de partager avec vous :

  • Valhalla Rising

L'affiche ciné, sobre, classe et non-filtrée, "Le Guerrier Silencieux" titre français plus simple à retenir que le "valhahaha machin chose", un homme enchaîné prêt à se libérer, seul dans un paysage lugubre annonçant une sorte d'errance métaphysique.

La pochette DVD/Bluray, change le viking vener en héros torturé arme à la main, avec des nuages en guise de vapeur de colère/vengeance, et des persos qu'on devine malfaisant baignant dans un couché de soleil (mais ça se trouve, c'est ptete ses potes). Plus, on remet le titre d'origine sous-titré d'un "Le Guerrier des ténèbres", avec accroche neuneue en haut "Il est venu pour en finir".

  • Thirst

L'affiche ciné mystérieuse(ment laide), une femme (ac)couplée à un prêtre dans les ténèbres. Une mise en avant de la sélection cannoise, un titre auquel on a rajouté le "ceci est mon sang" qui souligne l'ambiguité du prêtre. Un magnifique flou artistique en somme.

La pochette DVD/Bluray remet l'accent sur l'histoire de vampire, en mode Twilight, avec postures clarifiées entre les personnages, un prêtre avec du sang, une jeune femme aux lèvres rouges sanglantes. On rajoute une lune rougeâtre pour poser l'ambiance romantiquo-glauque. Ah, on revient au titre d'origine seul avec accroche neuneue en haut "l'amour est éternel" (au passage, le truc cannois a été viré, le public visé s'en fout de toute façon ?).

  • Tout ça pour dire...
Qu'on à là deux beaux exemples de réorientation marketing visant clairement le marché des adolescents/jeunes adultes. En respectant finalement des codes visuels susceptibles de toucher cette cible : les postures (héroïsme, romantisme), les couleurs (gris-orangé, rouge).... plus évidentes, plus immédiates qui donnent directement une idée du produit (vraie ou fausse, osef).

L'originalité c'est bien, mais ça rapporte pas.

Bonjour, voici la polémique de Septembre 2010

Préparez-vous pour mi-Septembre 2010, la polémique n'hésitera pas à s'emparer du film 'Hors-la-loi', nouvelle oeuvre du réalisateur d'Indigènes. Alors plutôt que d'attendre jusque là pour évacuer un peu d'émotion, d'avoir la sensation d'exister et surtout d'oublier certains autres problèmes (j'ai fait un master polémique, hé ouais), commençons tout de suite en partant d'un formidable article du Monde.

Ce qui est passionnant dans cet article, c'est pas la dénonciation d'un complot essayant d'imposer une vérité officielle (LOL), mais plutôt les arguments essayant de légitimer la démarche du film (???).

Le journaliste nous dit (a-t-il déjà vu le film ?) :
ce film est d'abord une œuvre libre qui ne saurait se réduire à une nationalité, ni à un message politique et encore moins à une vision officielle de l'histoire.
Pour rappel, on parle de la une vraie-fausse suite d'Indigènes, un film qui "ne serait se réduire à un message politique (les pensions des soldats, ça n'existe pô) et encore moins à une vision officieuse de l'histoire (troupes indigènes participant à la libération du pays, ct pour 2rir)."

La boulette d'or est attribuée à :
Mais le travail d'un réalisateur n'est pas celui d'un historien et n'a pas à être jugé par l'etat. Personne n'a demandé à Francis Ford Coppola de raconter dans Apocalypse Now la guerre du Vietnam avec une précision "historique". L'évocation d'une page d'histoire tragique peut aussi bien passer par la fiction, avec ses inévitables raccourcis, que par les indispensables travaux des historiens.
# Apocalypse Now n'a pas été financé par l'Etat (normal, les USA c'est des gros capitalistes);
# C'est l'adaptation du livre Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad (pas de l'Histoire);
# Le livre comme le film ont été critiqué pour leur ethnocentrisme (loin de l'approche d'un Bouchareb quoi);
# Applaudissons la tentative de faire un parallèle foireux entre un chef d'oeuvre et un film pas encore sorti mais déjà placé sur un beau piédestal (car victime d'une censure étatique ?);
# Que la fiction peut toucher à l'Histoire sans problème sauf quand c'est La Liste de Schindler ou Il faut Sauver le Soldat Ryan (Spielberg est le 1er exemple qui me vient à l'esprit);

Mais le pire dans cet article, c'est quand le journaliste décide d'associer les critiques concernant le traitement du scénario à un acte de censure pour imposer une "vérité officielle". Et c'est un journaliste qui écrit ça hein. Un mec dont le taff consiste à interroger les informations, à informer les lecteurs. Sauf quand il décide de prendre parti, ici, Bouchareb aura forcément raison puisque le gouvernement c dé gronazi.

J'adore cette conception libre du dialogue (à partir de rien en plus).

(c'est que le début putain)

jeudi 6 mai 2010

The Losers (2010)

The Losers où la ringardise cool-geek attitude à base de répliques trolol et scènes d'action trodar.

De quoi ça parle ce film ? Une bande de bras cassés se venge de la CIA. En clair, c'est des militaires parfaitement formés pour tuer qui se découvrent une once de conscience après avoir échappé à une tentative d'assassinat qui a tué une 20aine de mômes. Tous parce qu'ils commençaient à trop en savoir...

Donc c'est des gentils qui découvrent que leur boss est un gros bâtard cynique qui alimente un terrorisme international pour le bien de la patrie américaine. Rassurez-vous, tout ça est évacué dès le 1er quart d'heure, pourquoi interroger cette piste de l'histoire alors que le public est venu voir des types cools tuer à tout bout de champ en lançant des répliques cultes ?

Tout comme notre équipe de loosers ne questionnera jamais ses actions, l'idée de bien/mal. Restons sur des bases simples et solides, sans chercher à développer, il y a un méchant qui a tué des nenfants, il é danjereu fo le tué lol. Avec au programme quelques rebondissements prévisibles (seules les motivations restent imprévisibles = trop neuneus).

"Mais bien sûr, tu comprends pas le génie du film qui est de caricaturer la face superficielle de l'esprit américain tout puissant", ce qui explique les effets ringards genre coup d'accélérateur + musique pop = scène sensuelle / trop cool (au choix, c'est pareil). N'oublions pas les scènes d'action partant dans tous les sens fo-ktu-kapt-keudal.

Le seul bon point de cette bouse pour geeks frustrés du dimanche soir (coincés devant un ipad importé de biélorussie), c'est les jeux de lumière/couleurs qui parsèment le film. Par ex;


Et ça m'étonnerait pas que L'Agence Tous Risques soit exactement le contraire de ce truc informe, sorte de sous-Ritchie sous-Carnahan (Smokin' Aces, forcément).

lundi 26 avril 2010

Le Parrain Part 2 (1974)

Dans la seconde partie du Parrain, Coppola utilise pas mal de bonnes idées pour définir ses persos. Par exemple, dans le New York de 1917, avec le "parrain" local :

Lors d'une fête religieuse, un Christ crucifié se retrouve coupé en 2, d'un côté la figure religieuse respectée par tous, de l'autre, l'argent comme véritable moteur.

Vers 2h05, il y a une petite pause. On passe de la scène point de rencontre entre Vito et son fils Michael, à une scène avec Michael rentrant dans sa propriété. Clairement, là où Vito a construit une famille, un groupe, s'est montré capable de rassembler un peu de chaleur humaine, Michael défait tout. C'est l'hiver, il fait froid, il est seul et il est déjà brisé par l'exercice du pouvoir (contemplant le cadeau de noel de son fils qu'il n'a pas offert).


C'est l'une des différences entre le 1er film et cette suite, on passe de l'intimité d'une famille (avec des lumières tamisées bien gérer) à la solitude d'un Empereur (un homme face à ses conquêtes matérielles, cf sa propriété).

Et enfin, vous aurez remarqué les similarités entre les 2 films, scène de fête du début (mariage vs communion), assassinat (Luca Brasi vs Pentangeli)... qui viennent aussi renforcer la différence entre Vito et Michael.

jeudi 15 avril 2010

Comment faire pour aller à Cannes ?

Tu te demandes comment tu pourrais toi aussi aller à Cannes, connaître la gloire, les paillettes, les soirées, le tapis rouge ? Hé bien, c'est simple, il te suffit de prendre ton téléphone portable et de refilmer chaque scène de cette bande-annonce. Il te restera à l'envoyer à l'organisation Cannoise et peut-être que l'an prochain, toi aussi, tu connaîtras Cannes ;

Ah, les méandres théoriques d'un cinéma révolutionnaire has-been people. Combien d'étudiants en cinéma ont envoyé des films similaires au festival ?

Oui mais Bob, tu l'a pas vu, t'es salaud (oui)

Si tes yeux n'ont pas encore brûlé, tu pourras matter d'autres bande-annonces du film qui dévoile grosso-modo la totalité de cette oeuvre Godardienne.

Les Clefs de Bagnole (2003)

# Pendant que les cinéphiles s'extasient sur la sélection Cannoise 2010 (les mêmes qui ignorent royalement 90% des autres festivals internationaux, plus intéressants mais moins glam'), penchons nous sur un ovni français.

# Les Clefs de Bagnole est une grosse merde, qui à la différence de la plupart des productions françaises d'hier comme aujourd'hui, parvient bien à ne rien raconter du tout. En guise d'intro, une pléthore de producteurs & vedettes acceptent d'envoyer chier le Baffie réalisateur raté qui a préférer un titre direct plutôt que d'oeuvrer de se cacher derrière une poésie pompeuse mentant sur le produit final.

# C'est donc l'une des différences entre l'histoire un mec qui cherche ses clefs de bagnole et l'épique histoire d'un couple de parisiens faisant face à l'amertume d'une société profondément injuste.

# Réalisateur raté, vraiment ? Baffie passe 1h30 à s'amuser avec le cinéma, son cahier des charges, ses absurdités... D'un figurant trop souvent présent à l'écran, au doublage sonore miteux, en passant par les caméos ridicules ou encore des jeux de raccords jusqu'à l'absurdité de la fiction dans la fiction, Baffie enchaîne ses idées non-stop.

# En clair, il donne une gigantesque leçon de cinéma et des possibilités infinies qu'il existe pour raconter une histoire. Dommage qu'il laisse son histoire au stade de simple prétexte servant ces amusements. C'est peut-être la face cynique du bonhomme qui ressort lorsqu'il clame faire une merde, ou qu'il casse certaines de ses idées en expliquant/insistant que c'est pourri.

La Bob Note : Allez-y, c'est tichoux/10

mardi 13 avril 2010

"le public ne suivra pas si c'est français"

Le cinéma français vu par le réalisateur de Gainsbourg, vie héroïque (via son blog) :
C'est marrant, malgré la presse incroyable qu'a eu le film sur Gainsbourg, j'ai été très étonné du quasi silence des revues de cinéma fantastique. Ca leur a sans doute échappé mais mon film contient autant de plans avec de l'animatronique que le Labyrinthe de Pan. Je tiens beaucoup à ça, au label "film de monstres". Fait avec des marionnettes, des mécanismes, du mime.

Je sais pas quand, je sais pas comment, mais Autochenille a méchamment envie de se mettre aussi sur le créneau films avec monstres. Entre DDT, Chris Clarke ou l'atelier 69 on a en Europe des gens capables de nous fabriquer un tas de monstres qui pourraient rendre jaloux le Hobbit. L'argent il y en a aussi. Ce qui manque, c'est la preuve que ce type de cinéma peut se fabriquer en France. Pour moi, c'est une certitude. Ca passe par un label. Ca passe sans doute à la fois par des tout petits films et aussi par des choses énormes.

Je crois qu'on peut faire des films de chez Troma en France. Je crois qu'on peut aussi faire du Dark Crystal. Je crois enfin qu'on peut faire du Lord Of The Rings si ça nous prend. Je veux dire que les talents sont là, à chaque poste. Ces projets là restent souvent stationnés en rase campagne parce qu'on se dit que le public ne suivra pas...sous entendu "le public ne suivra pas si c'est français". Je ne sais pas si c'est vrai. Je sais juste que c'est des choses que j'irais voir avec enthousiasme, comme spectateur.
Une question; est-ce que la presse spécialisée a encore une influence par ici ?

dimanche 11 avril 2010

Les Snipers de Hong Kong ont le Canon Dur

Dernière bombe asiatique atterrissant glorieusement sur notre territoire, avec des affiches ayant troner fièrement dans les gares & abris de bus lors d'une phénoménale semaine, et sans doute quelques spots tv/radios parlant directement à notre jeunesse désabusée.

Tout ça pour, Snipers. J'insiste sur la différence entre l'effort promotionnel et la réalité d'un produit dont on (réalisateur/critique) préfère dire qu'il rend hommage aux séries b burnées des années 80. Car l'hommage, c'est tout de suite plus classe.

Derrière la caméra, Dante Lam, qui enchaîne furieusement les films depuis quelques années. En particulier des polars urbains, Beast Stalker par exemple, ou Fire of Conscience. Ce véritable stakhanoviste s'est imposé comme l'un des derniers espoirs d'Hong Kong, des films violents & brutaux sur fond de conflits moraux. Mais souvent filmés par un excité en manque.

Snipers, c'est un peu le Top Cops de Dante Lam. Un ton ultra-sérieux en décalage avec une esthétique ringarde (des torses musclés transpirant), jouant sur des sous-entendus sexuels (espèce de sale esprit pervers d'occidental), pour une histoire de corruption/trahison déjà-vue (le côté hommage non-repensé) accouchant de scènes de shoots illisibles (genre gros plans, caméra tremblotante)...

Dans le genre divertissement efficace et intéressant, Snipers c'est le degré zéro, la loose incarnée, surtout quand à côté il y a des films HK comme Ip Man ou les réalisations de Benny Chan qui sont toujours pas distribuées en France. Sans pour autant être plus finaud que ce produit faussement testostéroné pour machos prépubers.

La Bob Note : J'ai plus 12 ans/10

samedi 10 avril 2010

Les Top Cops de Kevin Smith

Un revival du buddy movie des années 80/90 par Kevin Smith, réalisateur de Clerks 2. Tout comme Zack & Miri, le bonhomme est en petite forme... Alors que son twitter propose régulièrement des trucs intéressants (qu'il tape un scandale ou sorte des blagues à la con), ce Top Cops (Cop Out) est une petite daube bien molle menée par un Bruce Willis à l'ouest et un Tracy Morgan dans l'excès.

Deux flics pas très attachants qui se font détrôner par les seconds rôles, en particulier Seann William Scott qui sert de troisième roue à ce faux couple de loosers.

Côté blagounettes, ça chie des tonnes de références ciné histoire de te rappeler que Kevin Smith, c'est le roi des geeks et qu'il est comme toi quoi. Malheureusement, c'est très loin de l'esprit Smith, qui aussi bien en tant que dialoguistes/one man show est capable de servir des idées hardcore sans avoir à les surligner (l'anecdote Wild Wild West, Clerks...). Là, c'est Bruce Willis qui dit qu'il a jamais entendu la réplique "Yippikaye motherfucker" - ah.. ah... ah.

Et ça fait encore plus mal quand tu penses à Hot Fuzz. Car Top Cops, c'est une intrigue de merde qui traîne (Willis qui cherche sa carte de baseball fétiche...) sans pour autant raconter quelque chose. Pour déboucher sur du gun fight miteux avec zéro tension, zéro fun... Forcément, les latinos à part servir de méchants, tomber comme des mouches et lâcher quelques répliques trololol, c'est une sorte de macguffin tentant de justifier l'existence du film (ou non).

Sinon, la bande son rassemble du Rakim, du Beastie Boys... toujours sympas d'entendre ce genre de son dans un film actuel. Si seulement le reste du film avait pu suivre. Bienvenue en 1989.

(avec un peu de chance, la VF sera culte)

La Bob Note : Le petit chien saucisse de Kevin Smith - swink/10

vendredi 9 avril 2010

Luc Besson, esprit novateur

C'est le printemps, les idées volent dans tous les sens, et Luc Besson nous revient :


Remercions A. Bordas

lundi 5 avril 2010

L'ère du misérabilisme

Vous savez la différence entre une émission comme Strip Tease et ces émissions-reportages sur les problématiques essentielles du citoyen français ?

La narration.

Les émissions-reportages sombrent dans le cynisme à force de simplifier/réduire/mettre dans des cases les sujets filmés. Madame Machin n'existe pas en tant que Madame mais en tant que personnage animé par un objectif, dont les problématiques et résolutions assurent la structure de l'histoire (avec des émotions toujours très subtilement amenés - voix off, musiques, ralentis...).

C'est une fictionalisation vendue comme du reportage pour de vrai.

(enculés)

dimanche 4 avril 2010

Les fantomes japonais n'existent pas

Studio Brain's Base retenez bien ce nom. Pas seulement qu'il est parfaitement ignoré par nos amis experts du cinéma Japonais, mais parce qu'il s'impose comme l'une des valeurs sûres de l'animation jap.

Ce nom est plus souvent à Baccano ou Durarara, donc j'en profit pour revenir sur une série moins connue, Natsume Yujincho (adapté d'un manga). Qui démontre encore une fois à quel point les Japonais dealent FACILEMENT avec leur propre tradition. Ici, celle des Yokai, ou des esprits.

L'histoire d'un lycée capable de percevoir les Yokai, qui décide de les aider, ignorant par la même occaz la haine des Yokai envers les humains. Au programme, des belles rencontres, des rites étranges, où l'on pointe la solitude des personnages, humains comme esprits.

Plutôt qu'une énième répétition de la peur de la marginalité dans une société nippone matérialiste, ce qui m'interpelle dans cette série c'est son rapport au monde invisible. Comment les esprits sont traités comme des entités aussi réels que les humains, comment ce monde côtoie le notre dans l'indifférence générale.

Une fois les deux mondes connectés, ce qui nous parait totalement anodin prend une nouvelle dimension. À l'exemple des mots. Le héros se trimballe avec un livre contenant les noms de centaines d'esprits, c'est-à-dire qu'ils sont sous ses ordres. Posséder le nom écrit d'un esprit, c'est lui "voler" sa liberté. Et pour rendre cette liberté, il faut ré-insuffler de la vie à ces lettres mortes. Pas étonnant que le héros souffle sur les lettres donc.

On a beau être dans un anime visant un public adolescent (des persos lycéens) avec une pointe kawaii (le chat), ça décrit des trucs méchamment kabbalistiques comme si de rien n'était. Autrement dit, utiliser la fantaisie, l'imaginaire pour questionner les fondements même de ce que l'on considère "réel" dans la vie : est-ce que notre perception, nos sens, nous permettent de connaître véritablement le monde qui nous entoure.

Mais puisqu'on vous assure que l'avenir du Japon c'est les prods indépendantes questionnant les troubles de la sexualité d'une génération d'après crise économique en quête de sens, filmé caméra à l'épaule de travers avec gimmicks kawaiiens pour occidentaux à moitié pervers (vous imaginez pas le nombre de mecs qui mattent de la grosse merde asiatique à cause d'une actrice super mimi qui fait oublier la détresse sexuelle quotidienne chez ces honorables spectateurs).

Putain Bob, ta gueule

samedi 3 avril 2010

Une Affaire d'Etat (2009)

La plus grande surprise, c'est de lancer un polar français qui se révèle être un superbe western urbain. Passant par une affaire de trafic d'armes pour dévoiler une galerie de personnages sous pression, où chacun essaye de s'en sortir: coups bas, embuches, manipulations, devoir d'obéissance... Et surtout en abordant le problème à différents niveaux, d'une fliquette burnée comme c'est pas permis au président en passant par des prostituées.

L'heure de revenir sur quelques points/idées, comme d'hab quoi :

# Commencons en douceur avec ce champs-contre-champs... Le placement des persos + la nuque au 1er plan donnent l'impression d'un vrai face à face alors que les 2 persos sont côte à côte. À savoir qu'on est qu'au début du film, qu'on va assister à une véritable guerre opposant justement ces 2 hommes (guerre, car il y a une stratégie pour chaque mouvement).


# Certains l'ont bien remarqué, Valette exploite l'environnement Parisien pour refléter l'état des personnages. Par exemple sur l'exemple suivant, les bâtiments en arrière plan imposent une dimension/stature importante-étatique aux persos (les mêmes que sur le point précédent). Et c'est naturellement, lorsque la guerre est ouvertement déclaré qu'il y a un soudain changement d'échelle. Un simple mouvement arrière qui donne l'impression d'un rapetissement. Valette nous met la puce à l'oreille en début de dialogue via une remarque sur l'architecture.


# Comment relier directement 2 personnages quasi au même statut (de la petite main), confronté à une situation similaire ? Avec ce genre de plans, même mouvement rapproché, même position, environnement légèrement différent : les lampes aux 2 extrémités (normal, les persos sont pas du même côté), la table (ronde vs carré)... Ça me rappelle une idée similaire vue dans The Killer de John Woo.


Avec les mêmes persos, il y a le 'duel' final dans la voiture avec en fond sonore le thème du Retour de Ringo. Enfin duel, j'exagère peut-être, mais il y a un échange de regards bien furieux façon western qui dit tout sur les pensées des persos. Pour le bonheur des oreilles :



En réécoutant la musique, ça me rappelle que la fliquette et le barbouze ont déjà été "connecté" un peu plus tôt dans le film... grâce à la musique. Lorsqu'on vient de mieux faire connaissance avec elle et ses méthodes très directes - ce qui lui vaudra des remarques de son chef. La musique fait le pont entre cette présentation et le nouveau personnage,. En substance, Valette nous montre 2 desperados. Agissant pourtant à l'opposé, cf le plan de la bagnole qui part enchainé par un mouvement inverse dans l'appart.

Histoire de chicaner, l'opposition n'existe pas seulement via un mouvement (de caméra ou d'objet) puisque nos desperados sont consignés dans un espace différent.

Mais comme l'honorable critique nous l'a dit :
Bien mené mais grossièrement mis en scène et en musique, cet imbroglio de complots, trahisons et meurtres dans les hautes sphères de l'Etat, sur fond de vente d'armes et de prostitution, se révèle plus proche (...) d'un téléfilm sous amphétamines.
C'est clair qu'utiliser une musique et une mise en scène comme éléments narratifs vecteurs d'émotions, c'est grossier. Mais être payer à dire de la grosse merde, ça, c'est noble.

vendredi 2 avril 2010

Scarface pour les enfants

"... visant à illustrer la perversité du sexe et de la violence de notre culture médiatique, et des conséquences chez les enfants". C'est la note d'intention de cette fausse pièce de théâtre de Scarface :




Entre les barres de LOL et les considérations moralisantes, ça reste étonnant qu'à chaque fois qu'on parle du Scarface de De Palma, les commentaires se concentrent sur la violence. Bien sûr, c'est complètement déconnecté du reste du film. Qui dépeint une Amérique bien cynique et grotesque noyant les hommes dans des illusions de grandeurs, de consumérisme... Dans le genre figure pathétique/misérable, Tony Montana assure bien.

Se borner à voir qu'une partie du message (cf, la violence) démontre la perversité d'une culture suffisamment habile pour ne pas avoir à se remettre en question. Faire de Tony Motana un caïd-trop-la-classe alors que c'est une merde humaine.

Comme d'hab, on préfère les raccourcis et l'absence de contexte pour justifier du caca mou.

(par contre la pièce, plus de sang, moins de pop corn, merci)

jeudi 1 avril 2010

Le Point Kubrick 2

En cette belle journée du 1er Avril, alors que les gens pas drôles se reunissent pour essayer d'être drôle sans pour autant duper quelqu'un, il me fallait moi aussi ajouter mon grain de sel ;


Ça vous dit rien ? C'est une clarification d'une image postée sur un forum mais totalement illisible. huhu !

L'année du dragon (1985)

Si le polar bien vénère vous manque, que des personnages ambigus et complexes essayant de naviguer dans un monde qui préfère abdiquer pour survivre, alors clairement, L'année du dragon, c'est pour vous.

Pour le plaisir des mirettes, ces 2 plans où White se la joue à la Général Patton faisant son speech pour motiver ses troupes avant de partir en guerre. La coupure intervient lorsque White énonce la dernière règle importante susceptible d'apporter une nouvelle perspective à ce combat.

J'insiste sur perspective. En mouvement, c'est forcément plus évident de voir White marcher face à ce bloc de flics loosers dans l'âme, la tangente apparait plus clairement. C'est l'une des rares fois où l'on voit White tenir cette position de leader face à "son" unité.

La plupart du temps, le perso est quasi-seul (il travaille avec 2 nonnes, et 2 autres flics), et il tient plus le rôle de sous-chef sans cesse réprimander par sa hiérarchie. Le genre de type qui fait face au monde entier. Finalement, une idée bien résumée par sa première apparition à l'écran ;

Un type âgé (les cheveux blancs quoi) de dos marchant dans une rue perpendiculaire à une marche funèbre. Le plan se termine quand il tourne à gauche alors que les panneaux de circulation indiquent clairement un "NO LEFT TURN". Seul contre tous.

Dans la même scène, il faut noter une petite différence qui établit très clairement le rapport de force existant entre autorités et population locale dans Chinatown.

Les parrains et la corruption paradent tranquillement en pleine rue, à peine perturber par les médias, pendant que des flics en pleine urgence doit se faufiler au milieu de la foule, sur le trottoir. Ah, et si vous avez remarqué le visage de la journaliste sur la 2nde capture, rassurez-vous, Cimino est généreux, vous en verrez bien plus (vive les plans gratos sur la nana à poil).

Pour revenir sur le perso de White, il y cette autre scène de dialogue bien sympa;

Donc, on retrouve l'idée d'un mec seul contre tous (les parrains de la triade). Pendant un petit moment, on se mange ce genre de champs-contre-champs à l'avantage des parrains. Jusqu'à là :

Après avoir dit "je vous emmerde" (en fait, je triche légèrement, juste avant il y a un plan générale opposant les 2 camps, comme pour le speech du général plus haut), le dialogue prend une nouvelle tournure, et la caméra vient enfin se placer dans le camp des parrains. Soudainement, White devient un véritable opposant. Le plus marrant, c'est quand White va de lui-même casser les distances et s'inviter dans leur camp :

La dernière évidence, c'est donc d'aller matter le film. Merci.
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