La question qui taraude, c'est : pourquoi les mêmes pratiques n'existent-elles pas en France ? (et, accessoirement, pourquoi personne ne rachète Cinécure pour dix millions – d'euros, tant qu'à faire ?). Pourquoi brillent par leur absence des « insiders », qui dépiauteraient la vie de l'industrie cinéma, projets en cours, négociations secrètes, etc. A cela plein de réponses – et un regret. D'abord, la primauté absolue de la critique. Ecrire sur le cinéma, en France, c'est dire, au mieux, « j'aime j'aime pas », au pire « c'est bien c'est mal ». C'est assez rarement décrire des phénomènes économiques, décrypter les enjeux du business, et c'est dommage. Parler d'industrie du cinéma dans l'Hexagone est faire preuve d'optimisme : la fabrique du cinéma reste encore, ici, un artisanat. Et les majors locales (Gaumont, Pathé, UGC, éventuellement Europacorp, etc.) ont un goût du secret qui ne serait sans doute pas toléré outre-Atlantique.
En outre, le poids du cinéma américain est tel qu'il pèse sur la hiérarchie de l'information : en clair, connaître le nouveau projet de Tarantino excitera plus que de savoir que Philippe Lioret va adapter D'autres vies que la mienne, d'Emmanuel Carrère, avec Vincent Lindon. Oui, c'est injuste, non ce n'est pas un scoop. Ce que ne comprennent pas bien les décideurs français, producteurs, distributeurs, etc., c'est qu'ils ont tout intérêt à ce que l'information circule mieux, y compris sur les œuvres à venir ou en chantier. Créer du buzz, entretenir la notoriété, c'est ce qu'Hollywood sait faire, et ce que les Français doivent apprendre.
Choqué parce qu'on est en 2009 et que l'auteur de l'article (un professionnel) découvre une situation évidente. Non seulement le cinéma est une industrie mais en plus le secteur français se mange 15 ans de retard sur plusieurs fronts.
En cherchant d'autres articles de cet auteur, je me suis aperçu qu'il participe exactement à ce qu'il critique; la passivité du critique écrivant sur l'Art sans s'intéresser à la totalité du processus (artistico-financier-....). Ce que les Français doivent apprendre, c'est à sortir du cadre complaisant de la bonne critique pour aller interroger l'Industrie.
(ce qui pourrait aisément faire un type comme ce critique, qui doit posseder suffisamment de bons contacts pour s'affranchir de la logique clanique parisiano-française) (et encore je suis généreux, car même en amont des productions, ça semble fonctionner comme en l'an 40 niveau com').
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