dimanche 28 février 2010

Bodyguards & Assassins (2009): Jeu de la mort

# Ces dernières années Hong Kong a eu du mal à délivrer des bon petits films, surtout en matière d'action. Récemment, y a eu quoi ? Ip Man ? Beast Stalker ? C'est un peu la famine, et ça en pousse beaucoup à se montrer très généreux avec des films moyens.

# Hé bien, on peut ajouter ce B&A à cette catégorie.

# Gros blockbuster chinois, avec une promo intensive et ses wouat-mille BA contenant le best of des meilleures scènes du film (merci la frustration), le film raconte une tentative d'assassinat déjouée par une bande de partisans de la Chine du future (ayant tous un coeur gros comme ÇA).

# J'exagère à peine, car une bonne grosse partie du film consiste à installer tous ces personnages, entre leurs envies personnelles, leur quotidien & obligations... Bref, avant d'être un film d'action hardcore, c'est surtout un drame.

# Dont la seconde partie frôle dangereusement avec un certain pathos pleurnichard. Mais heureusement, il y a un rythme effréné : ça pète de partout, les assassins débarquent de tous les côtés de la ville, les défenseurs en large minorité essayent tant bien que mal d'assurer leur engagement.

# Puis faut dire, y a Donnie Yen qui se fight. En mode classe, il défonce du gros bourrin bien enragé. Et l'avantage de la longue exposition du film, c'est que l'humanité du perso vient accentuer la difficulté du combat. En clair, c'est pas une démonstration à la Ong Bak. Ça fait plaiz, même si ça reste trop court.

# Forcément comme c'est chinois, avec un sous-texte politique, le côté pathos peut flirter avec l'ombre du film de propagande nous rappelant que derrière chaque défenseur de l'idéal chinois, il y a un homme (ou une femme). Je le dis, comme ça on évitera peut-être de se taper les boulets donneurs de leçons genre moi-on-me-l'a-fait-pas (connard).

# Même moyen, le film assure son spectacle et figure en haut des récentes réussites en provenance de Hong Kong. Vous attendez pas à un Il était une fois en Chine quoi !

# Je vais assurer la critique de certains films présentés à Deauville Asia sans même y foutre les pieds. La classe.

La Bob Note : Il faut sauver Sun Yat-sen/10

Ninja Assassin (2009): Y'a bon Carambare

# Que le réal de V Pour Vendetta enchaîne avec un film de ninja bien vénère, le tout produit par les Wachowski, ça avait quand même de la gueule, en théorie.

# J'imaginais pas un seul instant me retrouver face à un gros nanar, et quoiqu'on pense des ninjas, y avait matière à faire un spectacle fun. Surtout quand on se rappelle de la scène de fight final bien classe de V Pour Vendetta.

# Mais non, on va devoir se farcir une enquête toute moisie mise en parallèle avec l'histoire de notre assassin. Genre complot international mixé avec la voie sacrée du ninja. Mais sans la philosophie, même ringarde. Juste un ton ultra sérieux et bien pompeux.

# Tu voulais voir des ninjas en plein action, tu te retrouves à regarder des scènes d'entrainement lourdingues qui seront suivies par des fight incompréhensibles. Mention spéciale à la stomb dans l'appart, dans l'obscurité. T'as plus qu'à essayer d'imaginer ce qui ce passe à l'écran.

# La scène d'intro est un piège. C'est le seul moment excellent du film. À la fois dans l'action bien gore, et le côté philo du tatoueur. Après ça, tu te tapes un mec qui s'excerce pendant 1h dans son appart avec flashbacks tu-vois-mon-passé-est-trop-ouf.

# Sauf que le passé rend pas le personnage plus intéressant. Il est monolithique au possible et à part exhiber ses muscles, il dit des trucs aussi intelligent que "je savais que vous faisiez du 36". Putain, trop fort le ninja. Je suis sûr qu'il peut deviner que tu bouffes des chocapik le matin.

# Puis l'enquête & flashbacks... C'était le point faible de V Pour Vendetta, le truc un peu pénible, très didactique qui te présente très soigneusement les points de l'histoire. Mais à la limite, ça pouvait passer, parce que l'univers de V est interessant. Pas celui de Ninja Assassin.

# Donc, c'est trèèès loin d'être une bombe hardcore avec combats ultra-gore. Paradoxalement, en même temps que le film, un direct en vidéo est sorti, ça s'appelle Ninja, et sérieusement, c'est bien mieux. Ça pète pas plus haut que son cul, ça s'en tient à son titre, tu viens voir des ninjas, alors en voilà.

# Pour les amateurs, vous pouvez aussi tenter la série jap Shinobi no Mono, le sommet du film de ninja, c'est garanti sans once de ringardise et blagues potaches.

La Bob Note : Assassin de la poliche/10

mardi 23 février 2010

Hey, j'adore cette bande-annonce française !

Voilà donc une autre surprise en provenance d'un coin paumé parisien, une B.A qui confirme une fois de plus le talent de la cinématographie française et de son profond respect d'un cahier des charges déjà 60tenaire (le plan nichon est un classique dont la rigueur se doit d'être remarquée, pour son élégance mais aussi sa subversion, il nous faut ici penser à ces femmes de la Chine de l'Ouest qui se battent pour un idéal capitaliste non-maoiste). Et si vous n'avez toujours pas envie de le voir, c'est sans doute pas cette vidéo qui va vous aider.



Je tiens à vous annoncer qu'en ma qualité d'humble blogger, après vérification avec l'attachée presse, je vais avoir l'honneur d'interviewer l'équipe, d'aller à la projo presse avec comme seul et unique objectif, vous en dire que du bien.

(aidez-moi, j'ai pas été plus loin que le plan nibard - j'ai mes limites hein)

vendredi 19 février 2010

A la TV, on est trop chaybran quoi

Quand il s'agit de vendre un téléfilm aux jeunes, la meilleure méthode, c'est bien sûr d'ouvrir un blog où l'acteur/actrice principal(e) viendra livrer ses pensées top méga-délire.

Attends, mais on n'est plus en 1997 pourtant. Et même à cette époque-là, c'était quand même déjà bien ultra ringard ce genre d'approche toute moisie, pleine d'un jeunisme bon marché qui ne dupe personne.

Pour son téléfilm, annoncé comme un croisement entre LOL et Juno, le service com' de TF1 a appliqué cette bonne vieille recette du blog top cool, extrait :
Vraiment ce mec je le kiffe trop…Non seulement je le trouve super mignon mais en plus il est juste super tendre avec moi et ça, c’est trop bien. Et puis j’adore être dans ses bras, il a une peau que j’adore toucher. :p
Soit un skyblog de luxe en carton.

Un jour, je m'étais demandé à quoi ça pourrait ressembler une sitcom ABproductions aujourd'hui. Bah voilà, j'ai ma réponse :
http://www.leblogdeclem.com/
(et je vous épargne la bande annonce et ses tubes top tendance qui vous laissent pas respirer une seule seconde de peur de vous perdre)

Gentlemen Broncos (2009) : La Revanche des Loosers

# PUTAIN ! Heureusement qu'il y a un Gentlemen Broncos pour nous faire oublier les réalisateurs hipsters comme Wes Anderson (la loose hype quoi).

# Après Napoleon Dynamite & Nacho Libre, Jared Hess continue sur sa lancée de personnages passionnés un peu étranges, vivant dans un monde décalé. Cette fois-ci, on se trouve dans un coin paumé des USA, là où les années 90 n'ont jamais cessé d'exister.

# Benjy, fan de sci fi, écrit des histoires depuis toujours. Lors d'une conférence de Ronald Chevalier, présenté comme le plus grand écrivain du domaine, le jeune Benjy lui file son dernier roman en espérant être publié. C'était oublier la ringardise de Chevalier, qui préfère plagier.

# L'histoire est entre-coupée par une version live du roman, sorte de film cheap & kitch à mort où un Sam Rockwell doit recoudre l'une de ses couilles, où un jet de vomi sert d'arme contre un renne en bois volant armé de rockettes... Et bien sûr, on est dans un univers bien viril.

# D'ailleurs, le coup du plagiat est phénoménale, car on voit clairement les différences. Le héros bien viril devient une grosse tarlouze neuneue venant tout droit d'un clip de pop suèdoise des années 80.

# Rien que ces passages foutent la honte à Black Dynamite, cette parodie bien lourdingue qui mène à rien. Ici, il y a un amour pour cette littérature kitch pleine de sous-entendus érotiques.

# Maintenant, y a la gallerie de perso qui est juste terrible. Entre l'écrivain qui se la joue gourou, le vidéaste amateur (pedro is back!) qui tourne des trucs ignobles, la mère en couturière ratée... Bref, des bonnes barres de rire en perspective.

# On a beau avoir des personnages ridicules, qui se mettent dans des situations bien merdiques, ils restent fidèle à eux-mêmes. Je veux dire, ces loosers sont pas méprisables, au pire ils sont juste cons, au mieux, ils sont touchants.

# Le cours pour bien nommer ses persos est excellent.

La Bob Note : Histoire d'être clair

T'y réfléchiras à 2 fois la prochaine fois avant de jouer avec ton beau serpent. Pwned.

mercredi 17 février 2010

Espèce de sale critique dont le nom n'est pas...

C'est dans ces moments-là qu'on prend conscience de la petite taille de notre chère France. Lorsque des guerres claniques médiocres éclatent entre partisans d'une même idée, d'une même passion.

Dans le cas présent, La Horde déchaîne les quelques groupuscules geeks français (presse inclue). Et comme prévue, les critiques s'attardent énormément sur le passif du co-réalisateur pour mieux le discréditer. Il a critiqué, il a fait de la merde, il est nul CQFD.

Voilà, on est en 2010, et c'est ça, le point central des débats. Pendant un instant, je me suis cru dans une sorte de Gala chez les geeks. Mais non, que ce soit chez des revues pro ou des amateurs passionnés, la plupart des critiques négatives cèdent à ces petites pics galactiques.

Comme si le film et l'état de la production actuelle n'était pas des sujets suffisament intéressants et concrets pour être traiter - interroger - analyser. Histoire de voir plus loin que le bout de son nez d'égo-geek pour une fois.

Tout ça m'énerve, parce que ce genre d'attitude naze se retrouve dans la plupart des domaines, et ça finit par bloquer les moindres tentatives et essais. Tu comprends, j'aime pas ta gueule, mieux vaut troller pour prouver que t'as tort.

France, j'aigris ton nom.

First Squad - The Moment of Truth (2009)

# Il y avait tout pour bien faire : le studio d'animation 4°C (responsable de Mind Game, excusez du peu), une histoire juste folle mêlant seconde guerre mondiale & occultisme. Mais non.

# First Squad est un film raté.

# L'idée, c'est donc de montrer une guerre invisible derrière la guerre officielle, c'est-à-dire que derrière l'offensive nazie en URSS, il y avait aussi l'affrontement de 2 "services" secrets. Du côté allemand, il y a les SS et leur mysticisme à base de chevaliers médievaux, du côté Soviet, il y a le Sixième Département capable de communiquer avec le monde des morts. Juste OUF!

# Malheureusement, le film n'exploite qu'1 % de cette situation, se concentrant sur une attaque précise - le fameux moment de vérité du titre. Laissant de côté 99 % de l'intérêt originale du film, traitement des personnages inclus.

# Et pour combler cette malheureuse petite histoire, il y a des interventions lives de vétérans, d'historiens ou de psychologues... qui viennent bien casser le rythme déjà mou du film. Genre, il y a une phase d'action et on se retrouve avec un mec, air solennelle, qui nous explique ce qu'on est train de voir : "oui alors là, les jeunes soldats se chiaient dessus, c'était horrible" - "bah là, on a vu passer une jeune fille sur un cheval" - "les produits pour endormir les gens peuvent causer des hallucinations".

# Par moment, ils se font pas chier, tu te tapes un Colonel mystérieux (t'inquiètes pas, t'en seras pas plus sur lui) qui te racontes bien proprement toute l'histoire du personnage principal qui a perdu sa mémoire. Au cas où, t'auras pas déjà remis en ordre les 50 souvenirs de sa vie présentés 5 min plus tot. Le film dure qu'1h quoi, faut combler.

# Au final, l'impression d'avoir vu une moitié de film bien sabotée par un traitement complètement à la ramasse. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

# Le seul truc à sauver vraiment, c'est les morceaux signées Dj Krush.

La Bob Note : Quoi, t'as pas encore vu Mind Game/10

lundi 15 février 2010

La fresque historique que vous ne verrez pas

Quand les allemands décident d'adapter un livre deutch sur Henri 4 avec en tête d'affiche des acteurs français qui seront très soigneusement redoublés en post-prod, voilà le résultat:




On a donc beau avoir une Histoire, des figures Historiques, des acteurs compétents, c'est encore une fois à l'étranger que des projets exploitant tout ça parviennent à se monter. Non, en france, on préfère parler d'amour, au moins ça coute pas grand chose.

Vive Henri 4, lebe der König tapferen...

dimanche 14 février 2010

La réalisation n'est pas un diner de gala

À lire certains cinéphiles, dont des pros, la réalisation d'un film ressemble plus à une partie de questionnement théorique où l'auteur, posé sur son siège, interroge la cohérence de son ensemble façon artiste maudit. C'est pour ça, qu'il fait toujours du bien d'entendre des mecs parler concrètement de la réalisation et de ses impératifs;



Vous trouverez d'autres extraits de l'interview sur le site de Premiere (l'une des plus intéréssante de la promo La Horde)

samedi 13 février 2010

L'Assistant du vampire (2009) (est aux toilettes)

# Wouah, l'Assistant du vampire, le Cirque du Freak, yo, trop frais, trop dar.

# Ça va finir, les vampires vont se mettre à attaquer en justice les producteurs surfant sur le vampire est un ado comme les autres mais en mieux. Dans le genre, on a un truc qui peut être potable mais on préfère pas trop l'utiliser, ce film est un epic win.

# Mention à l'ado serpent rocker. Parce que même avec une gueule ignoble, infesté de pustules, tu peux être cool, être dans le mouv'. Ta différence peut devenir une force, à toi MTV et les putes cocaines yo, trop dardar.

# Mais sérieux, c'est quoi ces purges, ce jeunisme à 2 sous. Entre les acteurs têtes à claques, les relations nazes (t'es mon pote mais t'es mon ennemi LOL, t'es une femme singe et je vais te monter LOL), on nage en plein film pour ado bateau.

# L'idée c'est de donner l'illusion qu'il va se passer quelque chose car on est dans un terrain fantastique, alors qu'en fait, non. Ce sera pour les suites. J'ai déjà envie d'y être...

# Y a des vampires, y a un contexte, mais ça n'amène rien. Ah, juste quelques cascades et des mecs qui se fightent avec leurs ongles. Trop lol le 2nd degré sur les vamp' ahaha. Non.

# Pourtant, ça parle de destiné sans arrêt, de la place des êtres dans le monde, de leurs choix... mais non, inutile d'esperer quelque chose, on optera plutôt pour un tout le monde il est presque beau et surtout ne loupez pas la suite.

La Bob Critique : Juste non/10

jeudi 11 février 2010

Instant Swamp (2009): Force Kaway

Ceci est une exclue. Il y a près de 90% de chance que vous n'ayant jamais entendu parler de ce film et qu'il ne se fasse jamais chroniquer par des journaleux/bloggeurs (la curiosité, ça sert à rien dans ce domaine).

Instant Swamp, c'est donc inédit et japonais. Et horrible.

• J'aime bien les films de Satoshi Miki, ils ont ce côté petites chroniques japonaises avec un zeste de truc chtarbé dedans. Mais là. MAIS LÀ. La chronique douce-amère atteint ses limites.

• Déjà, y a le défaut, mon point de départ c'est mon film. C'est-à-dire qu'une fois passée les 2 premières minutes, le film n'a plus rien à dire. Du tout. L'héroïne doit apprendre à ouvrir ses yeux sur la vie pour mieux percevoir les "choses cachées". Il reste 1h50 de film.

(ça m'avait fait la même chose sur Strawberry Shortcakes en 2006)

• Ensuite, c'est un sacré bordel qui mène à pas grand chose. Genre prétexte pour rencontrer des personnages marrants et décalés, loin d'un Japon glauque, gris et chiant. Effectivement, il y aura un punk à la crète parfaite (huhu), des rockers '80s chelous, une milf japonaise...

• OK, les mangas, les anime c'est cool. Mais putain, quand les acteurs se mettent à prendre les postures mangas, à surjouer la moindre expression (les cris, les pleurs) avec ces horribles variations de voix... et que ça dure 2h, c'est pénible. KAWAIIIIIII SUGOIIIIIIIIIIIIII (argh).

• Je crois savoir comment faire une vulgaire caricature de ce genre de films, suffit d'aller en campagne japonaise, avec ciel bleu et rizières/champs verts, prendre des acteurs habillés bizarrement, les faire se regarder sur le bord de route en disant de temps à autre un truc hyper profond sur la vie. Puis, une petite musique douce en fond sonore.

La Bob Critique : Paye ton exclue/10

mardi 9 février 2010

Par amour du cinéma céfran

On m'accusait de trop parler d'Avatar, et une fois l'analyse publiée, les honorables gens de bon goûts ont disparu. Alors en l'absence de ces victimes autoproclamées (souvenir souvenir), voici la bande annonce d'un film qui devrait nous rappeler que le cinéma c'est avant tout un message politico-social fort;




J'ai par contre l'impression qu'il manque 2 personnages, celui du parisien extremiste qui adopte un enfant, venu d'une terre lointaine et pauvre, et commence à entretenir une relation intime émotionnellement puissante. Parce que les pedobear sont aussi des hommes, quoi !

Ça doit quand même finir par sortir en salle. O_O'''''''''''''''

dimanche 7 février 2010

Avatar pour les nuls

Rentrons enfin dans le vif du sujet; si vous attendez un avis, passez votre chemin, pour les autres, voilà quelques pistes:

# Différences Hommes-Na'vi

La principale différence entre ces 2 espèce réside dans le mode de vie, dans l'expérience de la vie. D'un côté, nous avons des hommes, profondément matérialistes, se reposant sur la technologie, le pouvoir et l'argent (la quête de l'unobtinium - littéralement, "l'inobtenable"). Ces colons vivent enfermés dans des grandes boites de conserve et n'ont aucune intéraction directe avec le monde. Ils passent par des robots, des armes, des écrans virtuels...

À l'inverse, les Na'vi ont une approche plus organique, ils sont en contact direct avec le monde, l'essentiel étant de conserver ce lien.


# Initiation

Pour devenir un Na'vi, Jake Sully doit apprendre à ressentir, interagir, comprendre, voir le monde (sous-entendu, le percevoir). En un mot, expérimenter. Ce qui l'amènera à accomplir le rêve qui sert d'ouverture au film, à se trouver dans un état de liberté, de légèreté (ce qui apparait assez évident lors des séances de vols);

En regardant l'affiche officielle du film, il nous est dit "Entrez dans le monde", d'où l'intérêt de la 3D. Le spectateur vient à son tour expérimenter l'Aventure. En VO, le terme utilisé est d'ailleurs "Experience It". Le spectacle ne viendra donc pas au spectateur, c'est à lui d'oser entrer dans le spectacle (ce qui rejoint la thématique même du film).

(mais puisqu'on vous dit que la 3D n'est qu'un gadget)

# Double (identité)

Les humains cultivent l'idée du double, que ce soit pour l'attaque/défense (les Méchas, les robots) ou la communication/relation (les Avatars). Dans tous les cas, l'homme existe au travers d'une technologie.

Maintenant la particularité de Jake Sully, c'est aussi d'etre un jumeau, soit un double humain naturel. Et il y a bien sûr un rapport entre lui, Tom (son frère) et son Avatar; quand l'un meurt, l'autre prend son envol, et ira jusqu'à preuve son enveloppe humaine. D'ailleurs, Cameron exprime le rapport très clairement : (insertion du cercueil/de l'Avatar)

Et je viens de remarquer une différence, on passe d'un monde carré (rationnel, matérialiste), pour entrer dans un monde rond (organique, spirituel). D'un côté, ça respire la mort, de l'autre la vie.

# Zéro mise en scène

C'est devant le cercueil de son frère qu'on propose à Jake Sully de prendre sa place pour une mission sur Pandora. Un flash-back violent où des costards-cravates ignorent le deuil pour se concentrer sur l'aspect financier de leur projet. Voilà sur quoi se termine la scène;

Les images sont accompagnées d'un "And the pay is good".
Ces trois plans affirment, le cynisme des financiers, le dilemme de Jake, l'ambition de la mission (obéir aux ordres, détruire, pas d'émotion). Pour un départ, c'est ni très joyeux, ni très optimiste...

Comme soulevé par un archiviste, un peu plus tard, lors du premier face à face Quaritch/Sully, on se retrouve face à ça;

Soit, un surhomme face à une moitié d'homme. Sur l'image on peut voir le geste du Colonel, ça se voulait amical mais le ressenti est plutôt violent (forcément, le Mécha est une arme). Il faut aussi rappeler que la scène précédente voyait Sully découvrir son Avatar. Ainsi, derrière ce premier face à face plane déjà l'ombre du combat final.

Très simplement, Cameron amène donc des idées fondamentales (l'état d'esprit humain, le rapport au père, la quête identitaire...), passant par des ressentis (le feu, le gant en fer = danger, méfiance...) pour raconter son histoire.

# Jake Sully

Pour présenter le personnage principal et l'univers du film, Cameron fait simple;

Oui, 1er plan de Jake, il baigne dans une lumière bleue. Il porte déjà l'Avatar en lui (sur lui).

Pour rappel, jusqu'ici, on ne sait rien de lui. C'est juste un mec qui se réveille après 5 ans de dodo, il a perdu son frère et vient le remplacer sur Pandora, une planète mystérieuse.

Son handicape n'a pas encore été introduit. Ou plutôt, si, mais de façon très ambigüe lors d'un flash-back. Quand un financier lui propose de "marcher dans les bottes de son frère", tout en ajoutant "façon de parler" avec un regard gêné. Bah oui, son frère est mort, c'est mal venu de dire ça ! Evidemment, ça fait aussi référence à son handicape. La joie du dialogue à double-sens.

La présentation officielle de son handicape intervient lors du débarquement de la navette sur Pandora. Encore une fois, Cameron brouille les pistes en partant sur ce plan;

Caméra subjective d'un mercenaire - de Jake ? - entrain de descendre ? Hé non, Jake descendra en dernier en nous ayant expliqué ce qu'il était, ce qu'il esperait, et qui sont les mercenaires.

Par la suite, Cameron place Jake comme un boulet. Il se fait insulter par un Mecha ("Look out hot rod") et des mercenaires le prennent en pitié;

Ça continuera avec l'équipe du labo, il se fait éclipser, il ne parle pas Na'vi, n'est pas un scientifique et ne connait rien de l'éco-système de Pandora. Il est donc placé en retrait lors des conversations Norm-Grace. Pareil quand ils seront dans la jungle, il est rabaissé et s'emmerde au point d'aller faire un tour (ce qui nous permet de nous familiariser avec Pandora).

Ah, puis, Jake est aussi et surtout un simple substitut (de son frère). Dans le genre, je suis pas à ma place mais je vous emmerde, c'est pas mal.

# Des hommes face à la Nature

Cameron résume très clairement ce rapport juste avant l'attaque de l'Arbre (de vie);

Non seulement Quaritch ne représente rien, mais il est dominé à tous les niveaux, que ce soit par sa technologie (une prison) ou par la Nature. Ce dernier plan permet aussi de nous rappeler l'importance de l'Arbre, et donc de renforcer le choc émotionnel à venir - un moustique inconscient détruisant une Oeuvre millénaire.

Un autre exemple de ce rapport;

Lors de la première excursion sur Pandora, Norm demande à Grace s'ils sont observés, si "ils" savent que les Avatars ici. Comme on découvre la planète, on sait pas ce que désigne "ils" - on a encore un point de vue humain.

Lors du combat final, nous avons complètement changé de camp, et nous savons désormais que "ils", ça désigne les Na'vi (par extension, la planète). Ce qui était invisible nous apparait donc clairement. Et encore une fois, les mercenaires sont dominés (en plus de ne rien voir). D'où la réussite de la première offensive Na'vi.

# Retour à la réalité

Jake passe 3 mois auprès des Na'vi, il prend goût à sa nouvelle vie au point d'en arriver à inverser l'experience réalité/Avatar (normal, d'un côté, il experimente, de l'autre il végète). Quelques minutes plus tard, après la scène d'amour, Jake est soudainement ramene à la réalité. Alors que les bulldozers déferlent sur un lieu sacré, Neytiri se réveille brusquement tandis que Jake, doit manger quelque chose avant de se connecter. Ce petit laps de temps suffit à reconfirmer que Jake est un Avatar, pas un Na'vi. Il dépend d'un système.

Et les bulldozers ? Comme on le découvre, ils sont pilotés à distance, Jake en colère ira bousiller les caméras (rendant la machine aveugle). Vous faites le rapprochement entre les machines, l'Avatar et Jake ?

C'est-à-dire que la scène introduit concrètement le danger en territoire Na'vi tout en démontrant les limites du héros Jake; dépendant d'un système contre lequel il vient de s'élever pour protéger un peuple qu'il vient de trahir. Bonjour le dilemme (mais on vous assure que c'est simpliste...).

• Parlez-vous Na'vi ?

L'utilisation d'un langage imaginaire aurait pu devenir un problème pour la clarté du film. Au final, c'est plutôt l'un des tours de force (j'exagère à peine) tirant profit de la performance capture. Au lieu d'alourdir la narration par des tonnes de sous-titres, Cameron va trouver un autre moyen pour faire comprendre l'information : l'émotion. Comme vous l'aurez remarqué, une partie des dialogues Na'vi ne sont pas sous-titrés, mais le simple jeu des acteurs compense aisément cette absence.

Autrement dit, à défaut d'utiliser du texte pour parler aux spectateurs, Cameron se repose sur l'image, sur l'émotion. Soit, ce que tout le monde est capable d'assimiler instinctivement.

C'est tellement évident que même les Oscars n'ont toujours pas réalisé qu'il y avait des acteurs derrière les Na'vi (et ils sont pas les seuls).

• Grace

Le personnage de Grace révèle quelques répliques bien sympathiques, qui prennent bizarrement un autre sens une fois que l'on connaît son destin;

- I would die to get samples
- I'm a scientist, remember? I don't believe in fairy tales
- I'm with her Jake. She's real.

Cette figure maternelle incarne un esprit rationnel qui rêve de connaître Pandora. C'est bien sûr lorsqu'elle mourra qu'elle fera l'expérience de la planète (donc mieux qu'un échantillon). C'est donc mieux qu'un conte de fée, c'est une réalité concrètement concrète.

Ah, la joie des dialogues à double-sens (bis).

• Le pays de Dorothy

Dès les premières bandes-annonces, c'est la phrase retenue par tous: "You're not in Kansas anymore". Cette expression américaine fait référence au Magicien d'Oz;



Soit la découverte d'un univers étrange. Mais ici, la phrase intervient alors qu'on voit passer devant nos yeux, ça:

Il s'agit bien de flèches, indiquant qu'il existe une population hostile, faisant penser aux Indiens d'Amérique, Kansas compris. Mais pour l'instant, le film se concentre sur le côté dangereux de la planète, avec la réaction de Jake devant ces flèches, le tout enchainé par la scène du debriefing. C'est la présentation de Quaritch, Colonel américain typique, qui axe son discours sur la peur.

Avec toutes ses informations, la première apparition de Neytiri n'est donc pas un bon signe. Sachant que le spectateur découvre en plus une jungle étrange, avec des animaux géants pas sympas. Suffit de rajouter être bleu + flèches = DANGER.

(et bien sûr, Cameron va déjouer nos attentes jusqu'à inverser le rapport de force entre humains et Na'vi).

• Les Rites

Le film nous montre à travers les rituels qu'une symbolique n'est pas quelque chose d'abstrait/ de mort. Pour les Na'vi, c'est une manière de vivre en harmonie avec Pandora, de percevoir Eywa.

Prenons l'exemple de la chasse;


Au nord du Japon, il existe un rituel similaire chez les Aïnous, ça s'appelle le Iyomante, soit le sacrifice d'un Ours. Voici un dessin:

Dans les deux cas, il s'agit de rendre honneur à l'animal tué, de permettre à son esprit de retourner chez Mère Nature. Le rituel doit permettre au monde de conserver son équilibre.

Un autre exemple, avec les réunions-danses;

Dans le film Baraka, une "séance" de Ramayana est visible, un extrait:



Il s'agit ici de faire appel à une divinité.

À savoir que la tradition Aïnoue et le Ramayana existent depuis des siècles. C'est-à-dire que l'Homme n'a pas découvert ce genre de pratique devant Pocahontas ou un autre film de la fin du 20è siècle (ce qui n'enlève en rien l'intérêt-la portée de ces films).

Pour rappel, Grace la scientifique nous affirme que ça, c'est réel.

Ces rites, ces cérémonies sont des expériences religieuses/mythologiques importante dont la symbolique et l'ampleur pourraient être discutées au cours de très longues conférences tant le sujet est vaste, riche et bien au-dessus de notre entendement. Mais on vous assure que c'est du cliché en barre...

• I SEE YOU

Le film s'ouvre (presque) et se referme sur ces plans-là;

Au début, on rêve sa liberté, à la fin, on s'éveille à la vie. La moitié d'homme (1 oeil quand même) devient un Homme (enfin, un Na'vi). Ça résume le film, une quête de la perception, savoir pouvoir oser ouvrir ses yeux et son esprit. C'est une question (philosophique) qui passionne les hommes depuis près de 10 000 ans. Un cliché, rien de plus en somme.

(on pourrait rajouter que c'est tellement évident que ça en devient très compliqué)

# Conclusion

Rapidement, on peut aussi ajouter la qualité de la narration + l'enchainement des séquences (dont certaines imposent avec un temps d'avance, une action/un sentiment à venir), l'évolution de certains plans (retournement d'idées), beaucoup d'autres jeux de mots, le découpage fluide des scènes d'action, les plans iconiques...

Cimer aux amoureux de Totoro.

MAJ - 18/02/2010

samedi 6 février 2010

Chatroulette

Chatroulette, c'est un chat aléatoire avec webcam. C'est-à-dire que d'un click vous pouvez passer d'un chinois stoïque à une new yorkaise pour enchaîner avec un norvégien entrain de se palucher (j'hypothèse sur la nationalité, hein).

Avoir intégrer de la vidéo à cette idée de chat est excellente. Certains se contenteront de déblaterer sur les dangers de l'anonymat, des dérives qui font d'Internet une grande poubelle, la perversion humaine et tout ça... Pourtant, la vidéo permet de développer un autre type de dialogue.

Plus immédiat, c'est évident, plus méchant, sans doute, mais aussi plus amusant. On laisse de côté le blabla de présentation habituel pour partager immédiatement quelque chose.

On va passer par des gestes (les peace, les yo...), des expressions (:D, :( ...) ou d'autres éléments (des objets, un masque...) pour tout de suite se situer. Le roulement permet de tomber facilement sur des gens qui se prêtent au jeu, et ça peut souvent finir par un petit échange sympa.

Le point essentiel, c'est donc le dialogue par l'image, comment on va se transmettre des informations et des émotions de façon instinctive, simple.

Ce qui amène certains malins à faire tourner des vidéos connes pour capturer la réaction de leurs interlocuteurs, j'adore spécialement celle-là :

jeudi 4 février 2010

La passion del débat!

Oh! Miracle! Un face à face télévisuel à propos d'Avatar. Ne vous inquietez pas, ici il ne sera pas question du film mais de la réaction du critique fan d'esthétique de Télérama.

Voyez-vous, je constate une nouvelle fois un paradoxe étrange.

On est début Février, et ça fait maintenant presque 2 mois que le camarade critique a découvert le film lors d'une projo presse. Il avait déjà écrit un "texte" (sous-entendre minable, c'est rien de le dire, vu le niveau des arguments... plutot des insultes), et il continue donc de se trimballer avec ses émotions (il semble légèrement sur les nerfs).

2 mois que ce jeune homme réagit violemment à un film qu'il n'aime pas, qu'il trouve mauvais.

2 mois.

Mais à aucun moment dans son argumentation, il prend en considération cette perspective, sa propre réaction par rapport à un film mauvais. Le mot important, c'est réaction.

Allez regarder le débat !
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